Texte écrit pour l’exposition à la galerie Sabine Puget au Château Barras en 2007

Philippe Fontaine est un homme discret, il n’a cure de l’éclat et du bruit. La campagne paisible de l’Orne entoure et protège son atelier. Il l’ouvre à qui le demande et montre son travail avec courtoisie et aussi une pointe de réserve. Il n’y a jamais d’ostentation à dire quels chemins il emprunte, il sait pouvoir y avancer et poursuivre sa quête seul. Son domaine est hors des sentiers battus, il l’accepte sans le revendiquer.

Depuis longtemps il accorde ses pas à la lenteur requise pour saisir l’insaisissable et lui donner le langage de la couleur.

Suspendus à des fils ses pastels flottent dans l’air de l’atelier, semblables aux feuilles d’un nuancier d’arc en ciel. Rien d’abord ne s’y distingue qu’une vibration, celle poudrée que portent les ailes des papillons Seul le regard peut l’effleurer, et pourtant la tentation est grande de caresser autrement cette douceur mate où se lisent les mille nuances d’une note dominante. L’approche mesurée, évidemment mesurée, révèle des signes placés au centre comme de petites cellules d’énergie diffusant, par souffles successifs, d’infimes particules de couleurs.

Naissent ainsi des jardins clos, voués chacun à une sensation de couleur et à toutes ses complémentaires. Rien de mièvre dans ces gris de brume, ces roses d’aurore ces bleus de ciel de traîne, ces verts ces jaunes ces bruns de végétaux et de terre. Ils sont cueillis au creux des étamines fragiles par un œil de mouche à qui rien n’échappe du pigment le plus ténu.

Cette œuvre patiente vient à la rencontre de nos désirs cachés de goûts rares, de senteurs subtiles, de textures transparentes et réveille en nous le bonheur de souffler sur une fleur de pissenlit ou de voir s’iriser une bulle de savon. Philippe Fontaine invite à feuilleter les pages d’un livre d’heures où se glissent les harmonies changeantes de la lumière du temps et de nos états d’être. A lire et à relire absolument.

 

Sabine Puget